1ère partie:
Le capitalisme se développe en créant
la misère. Depuis 1860 les ouvriers se battent
contre le capitalisme qui va de crise en crise.
Poussés jusqu'au bout dans la misère pour le profit et luxe,
ils pillent les hangars de blé et sabotent les usines. Leur colère
est reprimée chaque fois dans un bain de sang. C'est ainsi qu'ils
apprennent à se battre de façon toujours plus organisée.
Ils créent des mutuelles, des coopératives et des syndicats.
C'est cette dernière forme de résistance que Marx et Engels
soutiennent quand ils fondent l'Internationale à Londres
en 1864. |
Des enfants triant le charbon.
Comme aujourd'hui encore dans le monde , la loi du profit ne recule
pas devant l'exploitation du travail des enfants.
|

Enfants triant le charbon
|
Vincent Van Gogh, vivant comme prêtre ouvrier à
Jemappes (Mons) parmi les mineurs, décrivait dans les lettres
à son frère la condition ouvrière de l'époque
:
" L'homme du fond de l'abîme, de profondis, c'est le charbonnier...
Voici à peu près deux ans déjà que je vis
avec eux et j'ai appris à connaître quelque peu leur caractère
original... Et de plus en plus je trouve quelque chose de touchant,
de navrant même, dans ces pauvres et obscurs ouvriers, les derniers
de tous pour ainsi dire et les plus méprisés, qu'on se
représente ordinairement par l'effet d'une imagination vive peut-être,
mais très fausse et injuste, comme une race de malfaiteurs et
de brigands."
( lettre à Théo Van Gogh, août 1880)
|
Van Gogh: femmes mineurs au Borinage 1880
|
Habitations ouvrières à Châtelet |

Une ruelle à Anvers
|
En 1867, les crises successives font de Charleroi une
poudrière. Les prix des vivres sont les plus élevés
du siècle et une grève éclate dans toutes les mines.
Les grévistes pillent les moulins à blé de la région.
L'armée ouvre le feu: trois morts.
L'année suivantee les salaires baissent toujours
et une nouvelle grève éclate. A Montignies sur Sambre
(près de Charleroi) les grévistes veulent démolir
la mine " l'Epine". Les soldats ouvrent le feu sur la foule:
six morts.
L'Internationale - fondé par Marx et Engels
en 1864 - envoit des militants sur place et aide à organiser
les syndicats.
|
1867: Fusillade à la mine l'Epine (Montignies s/
Sambre) |
2ème partie, La
spirale de la violence: Les ouvriers
s'organisent pour combattre la misère. La bourgeoisie renforce son
pouvoir En 1871, à Paris, les
ouvriers ont empêché que l'armée allemande rentre dans
Paris et ils ont renversé le régime de Louis Bonaparte. Ils
ont instauré le premier Pouvoir Ovrier de l'histoire: la Commune
de Paris. La bourgeoisie s'est réorganisée à Versailles
et a réussi à renverser la Commune. Elle l'a réprimée
avec une brutale férocité, faisant fusiller plus de dix mille
communards au cimetière Père Lachaise.
Cette lutte historique étouffée, -dans les années qui
suivent - partout en Europe le capitalisme veut détourner la crise
avec l' introduction des machines et des techniques modernes, surtout dans
la sidérurgie et dans l'industrie du verre.
En 1886, une vague de licenciements massive s'ensuit en Wallonnie -une des
regions industrielles les plus avancées de l'époque. |
Dans les années 1880, l'industrie de Charleroi
était une des plus avancées du monde. Elle comptait 35.000
mineurs -dont 3.000 femmes -, 12.000 métallos, 7.000 verriers.
Sur une population de 250.000 habitants, il y avait environ 60.000 ouvriers.
A partir de 1885, la situation touchait à son comble.
La sidérurgie Carolorégienne était concurrencée
par les autres centres sidérurgiques, qui à leur tour
avaient introduit des machines et des techniques modernes. A Charleroi,
les commandes et la production diminuaient.
Dans les verreries carolorégiennes, le patronat à
choisi d'installer de nouveaux procédés de fabrication
pour augmenter la productivité. Elle commence à retsructurer.
Aussi bien pour les sidérurgistes que pour les verriers, le résultat
était que l'emploi est sacrifié et que leur niveau de
vie rejoignait celui des mineurs qui étaient les plus
nombreux et les plus mal lotis de tous.
Dans le Borinage (Hainaut), en février
1885, les mineurs ont mené une grève de six semaines contre
la baisse de leur salaire. Ils ont reçu de l'aide venant des
coopératives et des mutuelles des ouvriers flamands et wallons.
|
Site sidérurgique à Couillet (Charleroi)
-environ 1885 |
Liège: la manifestation est arrêtée
par l'armée au pont des Arches |
C'est à Liège, l'autre grand centre
industriel du pays, que se produit l'étincelle de la révolte
Après la défaite de la Commune de Paris, Marx et Engels
en ont fait le bilan et ils l'ont ajouté dans leur "Manifeste
du Parti Communiste". Ils concluent que la défense de
l'intérêt quotidien seule ne suffit pas aux ouvriers. L'enjeu
étant d'ordre politique - une lutte pour le pouvoir - il faut
créer une nouvelle forme d'organisation: le Parti Social Démocrate.
En Belgique, des militants sociaux-démocrates fondent le POB
en 1885. Ils veulent réunir les syndicats, les
coopératives, et les mutuelles. Ils revendiquaient le droit de
vote pour les ouvriers pour que le POB puisse devenir le relais politique
de leurs aspirations.
Le 18 mars 1886 à Liège, des militants
socialistes appellaient à une manifestation pour commémorer
la Commune de Paris de 1871. Quand cette manifestation traversait
les quartiers riches du centre de la ville, la colère des ouvriers
a monté. L'armée est intervenu. Toute la nuit des groupes
faisaient des pillages et affrontaient la garde-civique. Le lendemain
matin, on comptait deux morts.
|
Le lendemain, le 19 mars, les mineurs de Jemeppe-sur-Meuse
(près de Liège) ont entamé une grève pour
une augmentation de salaire. Elle s'est répandue immédiatement
dans tout le bassin liégeois.
Les gardes civiques de Louvain et de Bruxelles furent envoyés
pour réprimer la lutte. Quelques jours après, le tribunal
de Liège prononcait 77 condamnations. Un ouvrier -Wagener- fut
condamné à 5 ans de prison pour "avoir incité
aux pillages".
|
Les lanciers attaquent un piquet à Jemeppe-sur-Meuse
|
3ème partie
La révolte générale et la répression sanglante
Une semaine après les événements à Liège,
les bassins houillères du Hainaut (Charleroi, le Borinage et
le Centre) s'enflamment à leur tour. Le jeudi 25 mars 1886, le charbonage
du "Bois Communal de Fleurus" se mettait en grève et faisait
arrêter une mine voisine, la "Société du Nord"
à Gilly. De mine en mine, des groupes de grévistes formaient
des cortèges et se répandaient partout pour arrêter
d'autres puits.
|
Mineurs en grève 25 mars 1886
|

A Mariemont,au puits du Placard, l'armée disperse
un piquet en tuant deux personnes
|

Charge à la verrerie Monseu à Jumet
|
Le lendemain 26 mars, parout les mineurs
en grève organisaient des piquetrs volants et arrêtaient
les laminoirs, les fonderies et les verreries de la région. Le
bourgmestre de Charleroi, Jules Audent, leur interdisait l'accès
au centre de la ville et préparait la répression. Il ordonnait
les citoyens à rester chez eux pour ne pas " devenir
victime de leur curiosité".
Les ouvriers se sont alors repliés vers les usines dans les faubourgs
où leur colère se déchaînait .
|
Surtout les verreries furent
mises à sac. Là, les maîtres verriers avaient renforcé
leur rentabilité par l'introduction de techniques ultra modernes.
Le surplus d'ouvriers qui en résultait fut jetté en masse
dans la rue .
Les sidérurgistes aussi perdaient leur emploi, mais à
cause de la concurrence des autres bassins -dont l'outil était
plus moderne que celui des maîtres de forges de Charleroi.
Les mineurs enfin se voyaient barré ainsi l'accès
à l'emploi dans ces secteurs pour échapper à leur
condition. Ils n'avaient plus d'issue pour sortir de la misère
noire qu'ils vivaient au fond de la mine où la mort rodait en
travaillant.
Les ouvriers de tous les secteurs perdaient leur emploi et le patronat
mettait ce chômage massif à son profit en faisant baisser
les salaires et les maigres acquis négociés pendant les
années 'fastes'.
|
A la verrerie Lambert, les femmes s'interposent entre la
troupe et les grévistes |

Charge lanciers à la verrerie
Baudoux
|
Des grévistes, interdits
de rentrer à Charleroi, furent repoussés vers le Nord
de la ville. Là, petit à petit des groupes se sont formés
et quelques uns de ces groupes errants se sont rencontrés à
Jumet. Ces 5.000 personnes se sont alors dirigés vers la verrerie
Baudoux toute proche. Les lanciers les ont chargé, mais la
masse des ouvriers les a repoussés.
|
4ème partie: La
misère est sans issue et la répression barre toute résistance.
Traités comme des vagabonds,chassés et expulsés hors
des villes, les ouvriers de tous ces métiers confondus se sont finalement
révoltés contre les machines et leurs 'maîtres".
Ils se heurteront à la répression meurtrière de la
bourgeoisie.
Sans parti et avec des syndicats à peine nées, les ouvriers
sont poursuivis et chassés partout.. L'armée installe la terreur
et la répression. |

A Jumet, les ouvriers ont repoussé l'assaut des lanciers et
commencent à piller le château de la verrerie Baudoux
|

Le château du maître verrier et sa verrerie
sont incendiés
Le soir, la troupe a fait trois feux de peloton: 4 morts.
|

La fusillade du 29 mars, à Roux
|
Le lundi, 29 mars, dans le centre de lindustrie verrière
au nord de Charleroi, les soldats ouvrent le feu sur des grévistes
à Roux, faisant un massacre de 12 morts.
|
Le jour de l'enterrement des victimes
donne lieu à une mise en scène monstrueuse, dans le but
d'impressioner les grévistes:
La morgue fut encerclée par la troupe. Les cadavres étaient
mis dans une fosse qui était trop petite. Elle fut élargie
à la pelle pendant que tout près on sciait encore les
planches pour les cerceuils. Ils étaient cloués au bruit
de marteaux au fur et à mesure qu'on descendait les cadavres
dans la fosse.
|

La garde civique auprès des victimes dans la morgue
à Roux
|

A gauche, des soldats surveillant le travail
dans une verrerie
|
Dès avril les usines reprennaient
petit à petit le travail, mais dans les mines les grèves
continuent à flamber, les patrons refusant toujours d'augmenter
les salaires.
|
5ème partie: La
loi des armes, la justice politique et la
politique des promesses
Plus les capitalistes font la chasse au profit - par le progrès
technique et en procédant à des licenciements, des baisses
de salaire et des hausses des prix - et plus le bras armée de l'Etat
devient cruel dans la répression pour maintenir en place cet état
de choses.
Les derniers jours de la révolte, il y a encore eu vingt tués
à Roux et quatre morts à Jumet. Dans les champs, aux bords
des villes, dans les jardins, dans des maisons abandonnés
on trouvera encore des dizaines et des dizaines
de corps dans les jours qui ont suivi. Ces étaient les victimes
de snipers de l'armée et des milices civiles.
Cette trace de sang et de mort était l'oeuvre du lieutenant général
baron Van Der Smissen qui était envoyé dans la région
de Charleroi le 27 mars.
Dans son sillon suivaient à leur tour les politiciens libéraux
et catholiques, faisant des promesses pour diviser la lutte des travailleurs
qui reprenait toujours et qu'ils n'arrivent pas à éteindre
par la répression
brutale....
|
|
Annobli baron par Léopold II aprèsavoir
guidé l'expédition militaire Belge au Mexique -pour mettre
la princesse sur le trône - le général Van Der
Smissen a été envoyé à Charleroi le
27 mars 1886.
Il déclara à l'échevin Defontaine: " La
garde civique est tenue de faire le feu sans sommation sur les émeutiers
et il faut donner des ordres en conséquence. Je sais que c'est
illégal, mais je me moque de la légalité. On m'a
envoyé ici pour rétablir l'ordre et je la rétablirai
par n'importe quel moyen".
|
Une des mesures de ce général fut l'appèl
à former des 'milices civiles':
" Je réponds à tout le monde la même chose,
c'est à dire qu'il faut commencer par se protéger soi-même
contre les voleurs et que les fusillades qu'on entretiendrait de la
sorte, attireront au besoin l'intervention des troupes voisines beaucoup
plus rapidement que les télégrammes".
|
Patrouille bourgeoise |

La Commission du Travail est instaurée le 17 avril
1886
|
La paix de fer ainsi instaurée dans les rues
n'arrivait pourtant pas au bout de l'arme de la grève. Les
mineurs continuaient leur lutte contre le refus des patrons d'améliorer
leurs salaires et de baisser les prix dans leurs magasins où
les mineurs étaient obligés de faire leurs courses.
La révolte continuait à couver et en juin la situation
était au bord d'une répétition de celle des mois
de mars et avril.
La bourgeoisie paniquait et elle a inventé d'autres moyens
pour imposers la paix sociale. Le 17 avril elle instaurait une Commission
du Travail .
Le 9 novembre, le roi Léopold II en indiquait le caractère
politique lors de l'ouverture du parlement: "Peut-être
a-t-on trop compté sur le seul effet des principes, d'ailleurs
si féconds, de liberté. Il est juste que la loi entoure
d'une protection plus spéciale les faibles et les malheureux".
|
Avec quelques concessions faites par la Commision, l'aile
modérée du parti catholique voulait protéger ainsi
l'ordre social. La bourgeoisie libérale ajoutait son piment et
insista pour qu'on y fasse participer des scientifiques. Elle voulait
y former quelques futurs mandataires comme Hector Denis, qui deviendra
plus tard même député socialiste.
Avec César De Paepe, le l'aile gauche du POB
critiquait la participation à la Comission et déclarait
qu'elle n'était constituée que pour la forme et qu'elle
n'aboutirait à rien. Le POB (BWP) de Gand par contre (où
Edward Anseele dominait avec ses coopératives)
accepta la proposition du roi, à condition que des délégués
puissent y participer. L'histoire donnera raison à Depaepe: la
commission se contenta effectivement de" prendre note
des conditions de vie et d'écouter les demandes des travailleurs".
Malgré cette ambiance, les délégués
entendus ont eu le courage d'exprimer leur programme politique:
suppression du tirage
au sort pour le service militaire, diminution du temps de travail, fixation
d'un salaire minimum, interdiction du travail des femmes et des enfants
dans la mine, une loi sur les accidents de travail, des caisses d'assurance
contre le chômage, la maladie, la vieillesse et l'invalidité.
Avant tout, ils ont avancé la revendication du droit de vote,
mais la commission a refuse carrément de prendre note de celle-ci.
La loi, dont Léopold II disait vouloir 'entourer
plus spécialement' les faibles et les malheureux se résumait
en fait à une loi contre l'obligation d'acheter et
de boire dans établissements du patron. Elle ne fut d'ailleurs
presque pas contrôlée dans les années qui suivaient.
Il faudra encore attendre trois ans avant qu'une loi interdisant
le travail des femmes et des enfants dans les mines soit votée
en 1889, sous la pression de manifestations et de grèves dans
tous les secteurs et de tout le pays.
|

César De Paepe |
6ème partie:
En 1886, partout dans le monde les travailleurs se sont dressés
contre la crise. Partout, pour
défendre son hégémonie
la bourgeoisie a eu recours aux mêmes méthodes que celles utilsées
dans le Hainaut et à Liège.
La volonté de réprimer la révolte des travailleurs,
par tous les moyens, s'est manifestée dans tous les pays industrialisés
en 1885-1886. Le capitalisme, qui a érigé la liberté
de faire du profit en système dominant, ne parvient qu'à créer
régulièrement des crises économiques.
Ils se plaignaient des méfaits de la concurrence mais tous, main
dans la main, ils étouffaient dans le sang le mouvement pour le suffrage
universel et pour le socialisme.
Contre les syndicats et le désir
des travailleurs de réaliser des changements sociales, la
bourgeoisie a dévéloppé tout un arsenal de provocations,d'
infiltrations, de diabolisations, de forces repressives ainsi qu'une élite
politique, juridique et policière..
|
En février 1886 s'est produit
une émeute à Londres
Dans une lettre, Engels écrivait que la crise s'approfondissait
depuis 1878 et qu'elle mettait en évidence le déclin de
l'hégémonie du capitalisme anglais.
La bourgeoisie se divisa entre partisans d'un renforcement de la
concurrence sur les marchés étrangères, d'autres
qui voulurent le protectionnisme, et d'autres encore qui voulaient
défendre le" fair trade avec des tarifs discriminatoires..
La Fédération des Sociaux Démocrates
(FSD) étant très faible, ces différentes fractions
de la bourgeoisie avaient tout le terrain pour eux et exploitaient les
troubles causés par la crise, chacune pour ses propres causes.
La FSD organisait un meeting à Trafalgar Square,
tandis que Hyndman (un opportuniste) en tenait un dans un autre coin
de l'endroit. Ce dernier réussit à faire démarrer
une manifestation avec les plus démunis parmi l'assistance présente.
Il défilait à travers la prestigieuse Pall Mall où
loge la haute finance mais l'opportuniste n'avait pas de but clair pour
cette manifestation improvisée. Elle dégénèra
finalement en débandade, ou comme Engels le résumait:
"ils dépossédèrent les pubs et socialiserent
leur contenu".
La police laissait faire et Engels critiquait que ce
cours des choses arrangeait les Conservateurs. Ils venaient de perdre
le pouvoir au détriment des libéraux et ils voulaient
rendre les libéraux responsables de la situation pour se remettre
en selle en jouant le thème de l'insécurité.
|
Trafalgar square Londres, février 1886 |

Chicago, Haymarket le 3 mai 1886
|
Le premier mai 1886, à Chicago, la compagnie
McCormick Harvester décrètait un lock-out contre les ouvriers
syndiqués qui voulaient partir en grève pour la journée
de huit heures. Deux jours plus tard, le 3 mai, une bagarre avec
les jaunes éclatait et la police a tiré dans le piquet
causant plusieurs tués et vingt blessés.
Le soir lors d'un meeting, le gouverneur, le maire et le commissaire
de police étaient critiqués pour leur intervention. A
la fin du meeting, lorsque la foule se dispersait, la police a chargé
une bombe a explosé: elle a fait 11 morts et plus de cinquante
blessés.
Cet événement a été suivi
d'un proces contre 8 militants présumés des "Chevaliers
du travail"- l'embrion des syndicats aux USA.
L'histoire démontrera plus tard que c'était une mascarade
du début à la fin et montée de toute pièce
pour faire condamner à mort huit militants politiques et syndicaux.
Cet événément est à l'origine de la
décision de la IIe Internationale Socialiste de célébrer
cette journée du 1er mai comme journée de lutte internationale
pour les huit heures.
Dans l'accusation contre les 8 inculpés, le
juge - un anti syndicaliste notoire- utilisera la notion que les accusés
seraient coupables d'avoir" proféré par paroles
et discours des attaques contre la police et les hommes politiques"
et que " tout était prémédité
lors de réunions ": deux notions qui figurent aussi
dans l'article 64d du code pénal belge, utilisé dans le
proces contre les travailleurs de Clabecq.
|
7ème partie :
Démocratie et soumission, deux faces d'un seul
pouvoir
A l'hötel de ville de Bruxelles, la commission a étriqué
en long et en large la misère des travailleurs et insisté
à la nécessité d'entourer les faibles et les malheureux
" d'une protection spéciale".
A quelques centaines de mètres de là, au Palais de Justice,
la bourgeoisie s'entourait elle-même d'une autre protection -spéciale
aussi celle-là - contre ceux qui veulent faire sortir les travailleurs
de la misère: la répression juridique et politique.
|

Alf'red Defuissaux
|
Alfred Defuissaux,
auteur du "Catéchisme
du Peuple" fut tenu responsable des émeutes de 1886.
La question
posée au jury à son égard:
" Est-il coupable d'avoir écrit "le cathéchisme
du peuple" et d'avoir, par cet écrit, méchamment
et publiquement attaqué la force des lois ou provoqué
à y désobéir?"
fut répondue par un OUI.
Il a été condamné à 12 mois de prison.
Lors du prononcé,
il s'est échappé de la salle d'audience et a réussi
de s'enfuir vers Paris d'où il a continué son action pour
le suffrage universel.
|
Edouard Anseele
|
Edouard
Anseele fut jugé à Gand à cause de son appèl
aux soldats flamands de ne pas tirer sur leurs frères
wallons.
La question posée au jury pour Anseele
" Est-il coupable d'avoir contesté la force des lois
et d'avoir incité directement à leur désobéissance?"
fut répondu par un OUI.
Il a été condamné à 6 mois de prison
et il s'est constitué prisonnier revenant d'une Conférence
Internationale Ouvrière à Paris où il représentait
la Belgique.
|
Groupe d'ouvriers avec des objets pris
au Château Baudoux |
Des centaines d'autres
condamnations " sévères et exemplaires".
A Charleroi, les prisons furent pleines à
craquer après ces quelques jours de révolte. Une fois les
émeutes étouffées, des centaines d'ouvriers arrêtés
ont été trainés devant le tribunal où le procureur
du roi estima qu'il fallait faire preuve d'"une répression
sévère et exemplaire".
Quelques exemples de cette justice exemplaire:
Falony Louis, 39 ans, houilleur à Charleroi Nord, "A
bu 2 bouteilles de vin, provenant du Château Baudoux, avec des
amis à son domicile": condamné à 2
mois de prison.
3 femmes pour avoir " volé 31 balais chez Baudoux":
condamnés respectivement à 8 jours, 2 mois et 3 mois
de prison.
Degroote, Charles-Louis, houilleur, 17 ans, pour avoir " exécuté,
assisté ou coopéré au bris de la S.A des Glaces
de Roux" : condamné à 12 ans de travaux
forcés.
Poty, Victorien, journalier, 39 ans, Pont-à-Celles, pour avoir
été présent aux portes des usines de la région"
dans le but de forcer l'augmentation des salaires ou de porter atteinte
à la libre exercice de l'industrie ou du travail avec violence,
injures ou menaces". Pour cette participation à ce qu'on
apelle aujourd'hui un piquet de grève, il fut condamné à
des travaux forcés à perpétuité.
|
Le proces
politique, la bourgeoisie l'a réservé à l'ennemi
du capital: les travailleurs organisés
Xavier Schmidt et Oscar Falleur, deux syndicalistes de "Les
Verriers Libres" ont été poursuivis et condamnés
comme dirigeants des "émeutiers" de Charleroi.
Quelques questions posées par le juge aux accusés:
" Vous avez dansé, ri et chanté pendant que
l'incendie faisait rage?"
" De quel droit imposiez-vous des lois aux patrons?"
" Vous personnifiez l'Union Verrière?"
"N'avez-vous pas conservé de ressentiment suite à
ton renvoi par Baudoux il y a dix ans?"
A la question au jury : " Est-ce les accusés
sont coupables d'avoir porté atteinte à la liberté
des maîtres ou des ouvriers?" la reponse était OUI.
Sous le chef d'accusation d'avoir excité
au pillage, Schmidt et Falleur ont été condamnés
à vingt ans de travaux forcés. |
|
Epilogue: Emigration
et amnistie, classe ouvrière et lutte pour le socialisme
|

|
Cette période insurrectionnelle s'est finalement
étriquée. Elle sest dissoute dans l'émigration massive
des exclus de l'époque qui fuyaient ainsi la misère. Poussés
par la misère ou la répression, des centaines de milliers
ont abandonné famille et pays pour émigrer vers les Etats
Unis et l'Amérique du Sud.
Falleur était parmi eux et il fut acueilli par le membres des "
Chevaliers du Travail".
|
Dans la volée des premières concessions
obtenues du gouvernement, les ouvriers ont continué leur lutte
pour faire respecter les objectifs que la Commision d'enquête
de 1886 avait essayé de camoufler
Ils ont organisé des manifestations et des grèves pour
le suffrage universel et pour la journée
de 8 heures. Ils n'ont pas oublié non plus leurs camarades
condamnés au procès de 1887 et ils ont obtenu leut amnistie
quelques années plus tard.
|

Gand - 1893: grève générale
|
Marx et Engels ont écrit
que c'est dans cette période inaugurée par la Commune de
Paris en 1870 que la bourgeoisie a perdu sa place d'acteur unique sur
la scène sociale dans le monde et que les travailleurs
journaliers se sont transformés en classe ouvrière
qui s'oppose à la logique du profit et à l'exploitation
qu'elle subit de la part de classe bourgeoise, capitaliste.
Par vagues, inlassablement elle a continué à mener la lutte
pour la suppression du travail d'enfants, du travail de nuit et le travail
épuisant pour les femmes et à lutter pour la journée
de 8 heures pour le suffrage universel. Les grèves des années
1880 montrent sa force et sa présence sur la scène internationale.
Depuis cette époque, la classe ouvrière a arraché
le flambeau de l'émancipation des mains de la bourgeoisie
et elle a inauguré le chemin de la défense de l'intérêt
collectif: les soins pour les enfants en bas age, l'enseignement obligatoire
pour tous enfants, les soins de santé, les pensions, le sécurité
sociale et contre la division de la société en riches et
pauvres.
|
Marx disait que la crise
n'était plus le signe de l'accouchement douloureux du capitalisme
comme système remplaçant le féodalisme.
Dans " Le Capital" il a démontré
comment la crise est provoquée par la loi d'arain du capitalisme
lui-même: celle d'organiser la production dans le but de créer
toujours plus de capital. Le capitalisme ne permet pas d'éliminer
la fossé entre nantis et misérables parce qu'il en est lui-même
la cause.
En analysant leur époque -il y a plus de cent ans - Marx et Engels
ont démontré que le capitalisme est taré de ses propres
limites, comme l'ont été avant lui l'esclavagisme et le féodalisme
.
La bourgeoisie à arraché la science et la machinerie du carcan
de l'époque des seigneurs féodaux, pour les dévolopper
afin de faire accroître leur capital. Pour garantir leur monoimpole
sur la production des richesses ils ne veulent les dévéolopper
que comme des moyens privés et sont prêt à des guerres
et des massacres pour que les choses restent ainsi. A leur tour ils ont
soumis la science et la technologie à leur intérêt borné.
Mais Marx et Engels ont formulé aussi une autre loi que celle
du profit capitaliste: celle de l'histoire de l'émancipation
de l'homme.
Quand que la nature est empèchée de faire son travail
elle trouve toujours des voies pour suivre son cours...:
La bourgeoisie a arraché petit à petit les outils du progrés
des mains des féodaux, mais une fois bien en selle elle a fait
naître à son tour une nouvelle classe, capable celle-là
de les utiliser comme instruments de progrès et d'émancipation
de l'humanité. Elle en a eu besoin pour faire tomber le féodalisme
en 1789 avec lka révolution française et puis pour exporter
son système par les guerres napoléonniennes, puis pour consolider
sa position et la reconquérir quand elle l'avait perdue dans la
période 1815-1848.
La classe ouvrière est capable de jouer son rôle pour mettre
le technologie et la sciece au profit de l'humanit et nonpasàune
lite toujours plus retsreinte et plus riche. Eles apable parce qu'elle
n'a pas d'intérêt privé à défendre et
elsait que la force du travail collectif et la science peuvent satisfaire
les besoins de tous les habitants de la planète, dans le respect
de l'homme et de la nature.
Avec la clase ouvrière pointe aussi l'aube dune société
sans classes, où il n'y aura plus deux groupes da asocité
avec des intérêts de classe opposés. L'Etat n'aura
plus la fonction de reprimer la classe soumise. Il ne servira plus à
dominer les contradictions entre les hommes, mais il règlera
les contradictions entre l'homme et la nature.
Il n'y aura au fond plus d'Etat, mais il y aura la libre association entre
producteurs libres et où chacun pourra vivre selon ses besoins.
Ce n'est que sous le socialisme que ces conditions peuvent être
réalisées.

1993- Manif Bruxelles suffrage universel
|
|